Prière vivante
29 Déc 2022« Les icônes aux murs de nos églises ne sont pas simplement des images ou des peintures : une icône est un signe de la présence réelle. Saint Jean Chrysostome nous conseille, avant de prier, de nous placer devant une icône et de fermer les yeux. Il dit : « fermez vos yeux », parce que ce n’est pas en examinant l’icône, en l’utilisant comme une aide visuelle, qu’elle nous soutient dans la prière. Ce n’est pas une présence substantielle au sens où le pain et le vin sont le corps et le sang du Christ. En ce sens-là, une icône n’est pas le Christ, mais il y a entre eux un lien mystérieux. Par le pouvoir de la grâce, une icône participe de quelque chose que Grégoire Palamas appelle l’énergie du Christ, la puissance active du Christ œuvrant à notre salut.
Peindre une icône, c’est faire acte de prière. Le bois est choisi et béni, la peinture est bénite, l’homme qui veut peindre s’y prépare par le jeûne, la confession, la communion. Durant son travail, il se conforme à des règles ascétiques, et quand son œuvre est achevée, elle est aspergée d’eau bénite et ointe (cette dernière partie de la bénédiction est malheureusement souvent omise de nos jours). Ainsi, par la puissance de l’Esprit Saint, l’icône devient plus qu’une peinture. Elle est lourde de présence, imprégnée de la grâce de l’Esprit et liée au saint particulier qu’elle représente dans et par le mystère de la communion des saints et l’unité cosmique de toutes choses. On ne peut dire de l’icône que la présence du saint y soit identique ni même similaire à celle que nous trouvons dans l’eucharistie, et pourtant il y a là un signe de cette présence réelle dont l’Église fait l’expérience et qu’elle enseigne. Une icône n’est pas une apparence, c’est un signe. Certaines sont devenues par la puissance et la sagesse de Dieu, des icônes miraculeuses. Quand vous vous trouvez en leur présence, vous vous sentez interpellé par elles. »
« Prière vivante » d’Antoine Bloom, métropolite de Souroge, éditions du Cerf, 2008, pages 78 et 79